Pour cette création, l’ensemble Supernova invite Louise Hakim et Agnès Desarthe, complices de scène depuis plusieurs années. La danseuse et l’écrivaine ont développé un univers qui inspire la première composition collective faite par l’ensemble lui-même.

Agnès Desarthe observe, décortique et détourne avec un regard large comme le monde les enjeux de nos quotidiens, de nos micro et maxi-sociétés. Il est question dans son poème fleuve des enfants, des adolescents, de la transformation des lieux de vie et du mouvement de pendule d’un autobus qui relie le présent au passé. La mise au plateau par le geste est orchestrée par la danseuse et chorégraphe Louise Hakim. La danse déploie sa force d’abstraction autant que ses capacités d’illustration pour guider notre imaginaire. Les musiques et rythmes organisent le temps et décident de la nature de la présence du corps face au texte. L’accordage délicat texte, corps, sons nous ouvre un ailleurs dans lequel le réalisme de l’observation de cette communauté, portée par l’autrice, devient poème :

« Rien ne manque sur cette ligne
C’est ma ligne de vie
Et ma ligne de chance
Mes arrêts n’ont pas le même nom
Que ceux inscrits sur le panneau
Ils s’appellent
Lycée où j’ai rencontré mon amoureux
Université où j’ai appris les langues
Première maison
Deuxième maison
Éditeur qui lit les livres que je traduis
Puis ceux que j’écris
Appartement de ma tante
Déficiente mentalement
Car elle aussi est sur ma ligne
Et je suis sur la sienne »