Camille Maussion | saxophones soprano et ténor – voix – compositions, arrangements
Carmen Lefrançois | saxophones alto, soprano et baryton – flûte, voix – compositions, arrangements
Mamie Jotax c’est d’abord une joyeuse chimère syllabique, née d’un éternuement du hasard et d’une pincée d’onomatopées. Un sésame qui secoue l’imagination et insuffle des mondes envoûtants et insolites. Et puis, Mamie Jotax est très vite devenu un esprit. Une bulle remplie d’idéal, de curiosité et de folie qui veille sur les deux musiciennes. Une sorte de manifeste en forme de vieille valise, où les deux exploratrices collectionnent tout ce qui sur leur route mérite d’être gardé, et tout ce qui n’existe pas encore. Mamie Jotax est aussi une muse fraternelle, maternelle, aussi rugueuse et ridée qu’un arbre millénaire, précieuse conseillère qui apporte sa philosophie et son grain de folie. Ou bien l’enfant éternelle dont la malice et l’enthousiasme éclairent les labyrinthes parfois nébuleux de la création. Mamie Jotax sait aussi revêtir les habits des personnages qui ont marqué nos vies par leur sagesse, leur audace, leur fantaisie ou leur génie. C’est le cortège de nos maîtres, de nos diables et de nos amours."
Or Katz
Du néant aseptisé émerge un jardin étrange, baroque et coloré. Les éléments organiques éclosent et se transforment sous le regard malicieux et les doigts magiques de deux créatures mythologiques. Démiurges cuisinières, maternelles, enfantines ou dévoreuses, elles s’amusent avec les éléments, se les disputent, y plongent, les goûtent ou les détruisent.
En duel ou jumelles, elles dialoguent et s’amusent au gré des sons, convoquant jeux de mains, jeux d’échelles et jeux de doubles. Les univers se multiplient, se métamorphosent et se mêlent avant de retourner au néant.
Anaëlle Marsollier| Enregistrement et Mixage au studio Ouanne
Nicolas Baillard | Mastering au studio La Fraiseraie Electrique
Or Katz | Illustration, graphisme et textes
InOuïe Distribution
Coproduction
Cie Saä
Label WARN!NG
2020
C’est une totale réussite […] Ce que je trouve formidable avec ce duo, c'est que chaque morceau est imprévisible, souvent une mélodie arrive par la bande, il se passe mille choses, et ça a vraiment beaucoup d'énergie. C'est très frais. Donc vraiment le disque sort du lot.
Jean-François Mondot - Journaliste (Jazz Magazine)
Les compositions de leur album Mamie Jotax sont le joyeux babil de deux sœurs jumelles, deux complices, qui ont en partage la gourmandise sonore, l’humour, la malice, la façon d’être au monde, le goût pour les ailleurs. C’est palpable dans le son, dans les titres des pièces, mais aussi dans leur façon de respirer ensemble, de chanter, de varier les sources sonores et les inspirations. Mamie Jotax déploie une musique libre, déliée, pleine d’humanité et de malice. On en redemande !
Anne Montaron - Journaliste/Productrice (France Musique)
Carmen Lefrançois et Camille Maussion embrassent le monde. Au propre, on entend dans ce premier album en duo le Laos, Mada, certaines vallées de France. Au figuré aussi, le monde. Fait d'enluminures patientes et précises, de démons malins et d'angelots intérieurs (Brise brisée). S'il elle s'arrête parfois très près du conte bucolique, la musique explore souvent ailleurs. La dynamique du duo invente des débats, des disputes à l'unisson (Montjalva). Le genre de trucs qui avancent par fragmentations des cadences, par obsessions des textures, par une diable de place faite à l'air, à la pause et au silence. Jotax est un dialogue. Incomplet. Très ouvert. C'est chic. Jotax trace ses esquisses finement ciselées - un paradoxe finalement - à la plume, ne s'appesantit jamais dans une démonstration technique de haute volée pour aller tutoyer parfois une hargne sonore et intentionnelle d'une franche beauté.
Guillaume Malvoisin - Chroniqueur/Programmateur (Pointbreak)
Last but not least, comme ils disent, Mamie Jotax le lendemain à midi dans la petite salle de La Maison. Lieu tout à fait adapté aux enjeux de ce duo de deux jeunes femmes, qui jouent au plein sens du terme. Créatives et réactives, compositions originales ou thématique réinventée (un vieil air venu du Laos comme une musique de carnaval antillaise), les deux poly-saxophonistes (Camille Maussion et Carmen Lefrançois, également à la flûte) ne manquent pas d’air, ni de souffle continu, et encore moins d’humour. Grognement comme feulement, groove surpuissant ou souffle méditatif, échos médiévaux et plus contemporains, suspensions comme crissements, elles creusent dans la multiplicité leur son, un singulier sillon, aussi réjouissant qu’exigeant. Corps allongé ou colonnes d’air enlacées, elles peuvent danser comme se figer d’un coup. Drôle de postures, sans aucune imposture. On jubile !
Jacques Denis - Journaliste (Jazz News)
MAMIE JOTAX : UNE DRÔLE D’AFFAIRE TRÈS SÉRIEUSE
La petite salle de La Maison soudain plongée dans le noir : part et d’autre nous arrive le son de deux sirènes tout à la fois en déplacement l’une vers l’autre en rotation sur elle-même dont on ne sait pas vraiment identifier la nature, étonné d’une telle puissante avant de découvrir à la lumière montante que vous avez quasiment sous votre nez les pavillons de deux saxophones soprano qui se rejoignent, entre les mains de deux jeunes femmes. À gauche, Carmen Lefrançois (saxes soprano, alto et baryton, flûte), improvisatrice issue des classes de saxophone classique, de musique de chambre et d’improvisation générative du CNSM de Paris et lauréate de la Fondation Cziffra, déplacements fauves un peu ivres à la Abel et Gordon, l’élément mâle du duo, ou si l’on préfère une autre comparaison le clown blanc, un style, quoique tout humour, plus sévère, plus âpre, tendu, l’improvisation façon karaté. À droite, Camille Maussion (saxes soprano et alto), formée aux musiques classique et contemporaine, au jazz et à l’improvisation dans les conservatoires régionaux de Perpignan et Boulogne-Billancourt, déjà connue du plublic jazz pour sa participation au Nefertiti Quartet (lauréat de l’Euradio Jazz Competition 2019 et Jazz Migration), soit l’élément « jazz », lyrique, tendre, plus clown aussi que sa complice. C’est elle qui tout à l’heure d’un geste caressant de la main invitera son « frère ennemi » à venir se blottir dans ses bras, leur couple enlacé se mettant à tourbillonner sur place, leurs deux sopranos continuant à jouer éperdument dressés de part et d’autre de cette silhouette commune.
On aura compris que l’on est là sur une scène de théâtre. La mise en scène est précise, la dramaturgie est parfait. De cette narration qui captive ici un public qui n’est plus tout jeune, on n’est pas étonné d’apprendre qu’elle a été convoquée à Nevers pour faire le tour des scolaires sous le titre de Tournées des bouts d’choux.
L’instrument est retourné sous toutes ses soudures, pas une zone érogène de leurs saxes n’est ignorée, et si l’on vous dit que souffler n’est pas jouer, n’en croyez rien. Ça soufflechante, ça hurle, ça murmure, ça claironne et ça chantonne, ça contrechante et ça diphonise, ça éructe et ça percute, ça gargarise et ça growl, ça slappe et ça stacatise, ça dramatise, ça pleure et ça rit, ça coméditragédise, ça chase et ça slow, ça caranavalise enfin dans un explosifestif rappel… On vous a déjà fait le coup des modes des modes de jeu alternatif, du free-là free-là, de l’improvisation bruitiste… et du théâtre musical ? Moi, aussi. Mais avec deux voisins de fauteuil à qui on l’a déjà fait, l’un saxophoniste et l’autre journaliste spécialisé, on peut affirmer qu’à leur écoute quelques stars de la music free et du théâtre musical pourront aller se rhabiller.
Franck Bergerot - Journaliste (Jazz Magazine - 2021)
MAMIE JOTAX, MUSIQUE SANS ÂGE
Camille Maussion et Carmen Lefrançois ont créé ce duo en 2017. Elles travaillent avec grand soin depuis. Dernier câlin, un album timbré, comme il se doit. Paradoxe. Comme son nom se garde bien de l’indiquer, Mamie Jotax vient des terrains d’enfance. Des terrains, plus justement, des scènes d’enfance, celles de spectacles comme Baby Jotax ou Ça mijote.
Du spectacle le duo a gardé le goût de la dramaturgie et ce Jotax patronymique. Presque une interjection, plus qu’une imprécation. Un conseil, plutôt. À viser les marges, à marcher sur le bord des fossés. Sur le fil du rasoir, aussi, tant la musique de ce duo scénique devenu duo musical est ciselé avec un soin et une précision diabolique.
Avec l’âge Jotax devient aussi Mamie Jotax. Nourrie en élucubrations et en saillies pesées par deux filles. Deux filles, deux parcours. Presque un diamètre d’opposition, et pléthore de points de jonction. C’est heureux.
Dans Mamie Jotax, le disque, tout cela affleure et converge. Le jazz, la langue d’improvisation, le goût du texte pour Camille Maussion, entendu entre autres dans le très beau Nefertiti Quartet. La rudesse féconde du contemporain, la pensée en action dans un orchestre comme L’ONCEIM, la compagnie des compositeurs et l’exigence personnelle pour Carmen Lefrançois. Et Mamie Jotax de s’accorder dans cet album à faire feu de tout bois, forte d’une intimité exposée avec pudeur, d’une invention musicale proposée plus qu’imposée (Brise Brisée). Ailleurs, c’est le retour aux jeux d’enfance (Montjalva) ou l’explosion d’une douceur volubile (La Bérinoise). Dernier paradoxe, à elle deux, Maussion et Lefrançois n’atteignent pas l’âge d’être Mamie. Or leur musique vient, déjà, de très loin.
Guillaume Malvoisin - Chroniqueur (Tempo)